Le projet VITAE est l’un des 10 lauréats de l’appel à projets de l’ANR présentés le 23 septembre 2020 dans le cadre du programme prioritaire de recherche «Cultiver et protéger autrement». Doté de 3 millions d’euros sur 6 ans, VITAE est un projet interdisciplinaire qui aborde des fronts de science peu explorés jusqu’ici tout en questionnant l’ampleur des changements sociaux nécessaires pour favoriser cette rupture agroécologique. Coordonné par INRAE, il présente la particularité d’être centré sur une seule filière afin de garantir la pertinence de recherches interdisciplinaires tout en couvrant l’ensemble des régions viticoles françaises. Pour la première fois, il va permettre de fédérer la communauté nationale de recherche sur cette thématique de la sortie des pesticides dans le secteur de la vigne et du vin. VITAE est fondé sur la production de nouvelles connaissances et leur transfert notamment via la formation et la proximité avec les acteurs concernés. VITAE intègre également un travail de prospective pour proposer des scénarios de sortie des pesticides à l’échelle des filières et des territoires.
Cultiver la vigne sans pesticides, le défi est grand pour cette culture emblématique. Sortir des pesticides nécessite l’intégration de multiples leviers de gestion, chacun n’ayant que des effets partiels (régulation biologique, stimulation de l’immunité, résistance génétique, etc.). L’objectif est de passer d’une démarche curative à une démarche agroécologique basée sur la prophylaxie, la surveillance et une meilleure résilience des systèmes viticoles. Les niveaux d’efficacité partielle des méthodes de lutte exigent en effet qu’elles soient intégrées dans de nouvelles stratégies de protection qui maximisent leurs effets combinés tout en les adaptant aux climats et aux contextes socio-économiques locaux et aux enjeux de marchés.
Vers des socio-écosystèmes viticoles agroécologiques
La résistance génétique de la vigne est un levier essentiel pour atteindre le zéro-pesticide en viticulture. L’utilisation de cépages résistants aux maladies soulève néanmoins des questions cruciales sur la durabilité des résistances, l’adaptation des nouveaux cépages au changement climatique, la qualité des vins et leur acceptation par les consommateurs. Toutes ces questions sont abordées dans VITAE.
S’agissant du biocontrôle, VITAE cherchera à identifier les consortiums microbiens (bactéries, champignons, mycovirus) antagonistes des maladies de la vigne. Le projet stimulera la recherche de produits de biocontrôle avec des modes d’action originaux (activation/dé-répression des défenses de la vigne, perturbation de la reproduction des pathogènes). Leur interaction avec la physiologie de la plante sera évaluée pour mieux déployer ces solutions au vignoble. Les solutions de biocontrôle porteront sur le cycle de vie complet des agents pathogènes incluant la reproduction sexuée.
La combinaison des leviers de gestion des bioagresseurs est au cœur de VITAE. Il s’agit d’explorer empiriquement les effets combinés des leviers, du champ au paysage, qui affectent les réseaux trophiques en intégrant les effets non-intentionnels sur la biodiversité. La performance des systèmes sans pesticides, depuis la production de raisin (performance agronomique) jusqu’au vin (performance œnologique et économique) sera également évaluée.
VITAE aborde enfin la prise en compte des déterminants de la transition par la caractérisation des verrous de la mise en œuvre des systèmes sans pesticides et les évolutions d’ordre organisationnelles. En effet, la culture de la vigne sans pesticides peut entraîner une évolution de la réglementation et des systèmes d’informations et d’étiquetages proposés sur les marchés. VITAE étudiera les attentes réelles des consommateurs en matière d’élimination des pesticides ainsi que les alternatives organisationnelles et les incitations économiques et réglementaires qui pourraient concourir à la transition. Un travail de prospective interdisciplinaire et intégratif sera réalisé avec les parties prenantes afin de générer des scénarios pour la sortie des pesticides à l’échelle des filières et des territoires. Ces scenarios aideront les organisations et les décideurs à mettre en œuvre des stratégies de sortie des pesticides avec des programmes d’incitation appropriés.
VITAE – « Cultiver la vigne sans pesticides : vers des socio-écosystèmes viticoles agroécologiques » est un projet qui réunit 118 personnels permanents, dont 66 chercheurs issus d’ INRAE, des Université de Bordeaux, de Bourgogne-Franche-Comté et des écoles Bordeaux Science Agro et Montpellier SupAgro. L’institut des Sciences de la Vigne et du Vin (ISVV) à Bordeaux, L’Institut des Hautes Etudes de la Vigne et du Vin (IHEV) à Montpellier et l’Institut Jules Guyot à Dijon constituent les centres pluridisciplinaires du projet VITAE.