L’Inra, un des seuls Instituts à s’intéresser à la gestion durable de la résistance de la vigne, a décidé, en accord avec la profession, de ne mettre en marché que des variétés à résistance plurigénique (pyramidage des gènes), pour éviter les contournements rapides par les pathogènes (mildiou, oïdium). Les chercheurs travaillent aussi à l’identification de nouvelles sources de résistance.
 
La réduction de l’utilisation de pesticides en viticulture constitue un enjeu important : la vigne, qui occupe 3,8 % de la surface agricole utile nationale, consomme 20 % des pesticides. « L’explication de ce niveau élevé d’utilisation de pesticides est simple : les maladies (Essentiellement mildiou et oïdium.) auxquelles doivent faire face les cépages actuellement cultivés en Europe ont été introduites d’Amérique du Nord au 19e siècle et la vigne n’a pas spontanément les capacités à se défendre », explique François Delmotte, co-responsable scientifique avec François Hochereau du projet Panoramix (« Conception et valorisation de systèmes viticoles durables combinant variétés résistantes aux maladies et méthodes de protection complémentaires »).
 
Des variétés résistantes pour 2016 
 
 La solution unique pour réduire le recours aux pesticides dans les systèmes viticoles n’existe pas. Néanmoins, parmi les innovations possibles, celle visant à introduire la résistance variétale est certainement l’une des plus prometteuses. « Mais ces variétés doivent également présenter des caractéristiques agronomiques et œnologiques en adéquation avec les exigences de qualité de la filière, poursuit François Delmotte. Les généticiens de l’Inra y travaillent. Des variétés résistantes à l’oïdium et au mildiou seront inscrites au catalogue en 2016. Un des enjeux majeurs pour le déploiement de ces nouveaux cépages est d’assurer la durabilité des résistances. » Pour éviter l’arrivée rapide de contournement des résistances, l’Inra a décidé, en accord avec l’Institut français de la vigne et du vin, de ne mettre en marché que des variétés à résistance plurigénique. Parallèlement, biologistes moléculaires et pathologistes cherchent à comprendre comment les pathogènes s’adaptent aux variétés résistantes pour proposer les meilleures stratégies de déploiement de ces variétés. Ils ont ainsi montré que les résistances partielles conduisent à une augmentation de l’agressivité des pathogènes. De leur côté, les agronomes acquièrent des connaissances sur l’itinéraire cultural à privilégier pour préserver la durabilité de ce système.
 
Travailler l’adoption par les viticulteurs 
 
L’un des enjeux du projet Panoramix est de faire adopter ces variétés résistantes par les viticulteurs. Les sociologues travaillent aux mesures d’accompagnement nécessaires et à la valorisation de ces cépages qui demandent moins de pesticides, mais qui ne portent pas le même nom que ceux actuellement cultivés. En 2015, de nombreux partenaires seront impliqués dans cette étude sociologique et des ateliers participatifs seront organisés avec des viticulteurs.