Réduire la croissance de la plante pour limiter sa susceptibilité de développer des maladies a été proposé en tant que méthode pour réduire le recours aux pesticides. Cependant, réduire le développement de la récolte peut avoir un effet néfaste sur le rendement. Dans cette étude, nous testons l’hypothèse d’un compromis entre le maintien du rendement des raisins et la réduction de la susceptibilité de la vigne de développer l’oïdium (Erysiphe necator) et la pourriture grise (Botrytis cinerea), deux des maladies les plus importantes de la vigne (Vitis vinifera L.).
La susceptibilité de la vigne face à ces deux maladies a été mesurée par des caractéristiques pertinentes du développement végétatif de la vigne identifiées dans des études précédentes: biomasse des feuilles à la floraison pour l’oïdium et la masse de la taille pour la pourriture grise. Des données ont été recueillies dans le cadre d’un essai de terrain de 3 ans, réalisé dans un vignoble situé dans le sud de la France, dans lequel les nuisibles et les maladies ont été contrôlés par la pulvérisation de pesticides.
Les deux pathogènes étudiés dans le présent document ont été choisis car ils diffèrent en termes de leur biologie (biotrophe contre nécrotrophe) et de leur interaction avec la vigne (la susceptibilité plus élevée de la vigne se produit à une étape précoce du cycle dans le cas de l’oïdium, et tardive dans le cas de la pourriture grise), dans le but de donner de la généricité aux résultats.
Les résultats ont confirmé l’hypothèse d’un compromis entre le maintien du rendement des raisins et la réduction de la susceptibilité de la vigne face aux deux agents pathogènes à travers une croissance végétative réduite. Ils ont par ailleurs prouvé que les situations gagnant-gagnant (rendement élevé, susceptibilité faible) existent.
En outre, nous avons détecté une synergie entre la réduction de la susceptibilité de la vigne face à l’oïdium et la pourriture grise. Ces résultats suggèrent des opportunités de réduire l’usage de fongicides lorsqu’une situation gagnant-gagnant se produit, puisque le risque de pertes de rendement et de qualité peut être inférieur durant ces années.
La variation interannuelle dans le stress hydrique au moment de la floraison s’est avérée être un facteur clé de l’équilibre entre le rendement du raisin et la susceptibilité de la vigne face aux deux agents pathogènes à travers leur effet sur l’équilibre source-peau de la vigne. Le stress hydrique au moment de la floraison s’est avéré être un indicateur important informant sur la probabilité de l’apparition d’une situation gagnant-gagnant. Nos résultats suggèrent qu’il pourrait également être utilisé pour adapter les pratiques de gestion telles que l’irrigation, la taille du couvert ou une combinaison des deux, afin d’atteindre une situation gagnant-gagnant. L’importance de ces découvertes pour les vignobles des environnements semi-arides est discutée.
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