Les pratiques culturales et les conditions environnementales jouent un rôle déterminant dans les interactions entre la vigne et ses bioagresseurs. C’est ce système complexe qui est modélisé dans le projet Grapevine Yield Loss.
 
La culture de la vigne se caractérise par une forte variabilité d’une région de production à l’autre, de même qu’à l’intérieur d’une même région. En outre, peu de données sont disponibles sur les rendements, ce qui rend difficile la modélisation des pertes de récolte
 
Dans ce contexte, un travail de collecte de données sanitaires, recueillies depuis 2013 à Montpellier et sur des parcelles expérimentales dans le Bordelais, a été effectué pour la réalisation du projet. Ainsi, Nathalie Smits de l’Inra Montpellier, Marc Fermaud et Lionel Delbac de l’Inra Bordeaux ont pu analyser l’impact des bioagresseurs sur les récoltes.
 
Deux systèmes viticoles du programme Ecoviti, sans désherbants chimiques ni produits classés à risque, ont été testés : Innobio (agriculture biologique) et IPM-50 (réduisant la quantité de produits pulvérisés).
 
La vigne peut compenser des pertes précoces 
 
« Nous avons évalué les pertes de récolte en mesurant le pourcentage de surface de grappe atteinte par différents ravageurs et maladies, dont l’oïdium », explique Nathalie Smits. En 2014, ces pertes sont significativement plus basses pour les plants sous Innobio et IPM-50 que pour les témoins non traités, et comparables à celles obtenues avec le traitement phytosanitaire standard : moins de 20 % de surface de grappe atteinte contre 60 % pour les témoins.
 
« La vigne est-elle capable de compenser des pertes dues à une attaque précoce sur ses organes fructifères ? Nous avons cherché à répondre à cette question en provoquant des pertes dans des parcelles expérimentales, par ciselage ou éclaircissage en début de floraison. Un processus de compensation a effectivement été mis en évidence, malgré la variabilité des résultats selon la parcelle et l’année ».
 
Analyser les risques propres à chaque situation ituation
 
Le travail de modélisation entrepris par l’équipe répond à l’objectif de fournir une solution numérique d’analyse des pertes de rendement dues aux bioagresseurs.
 
Tout d’abord, il a été nécessaire concevoir le système constitué par la vigne et ses principaux bioagresseurs (mildiou, oïdium, botrytis, tordeuse de la grappe). Les éléments entrant dans un tel système sont environnementaux (température, pluviométrie…) et agricoles (gestion du sol et des bioagresseurs, irrigation, fertilisation, taille).
 
Une première version du modèle d’analyse quantitative des pertes de récolte se fonde sur un système « vigne saine ». Un jeu complet de données de croissance et développement de la vigne a été recueilli. Dans sa forme complète, le modèle intègrera les paramètres liés aux bioagresseurs. Il permettra d’appréhender les risques qui caractérisent chaque situation de production viticole.