Et si la « science des données » permettait de mieux prédire les maladies dans les vignes afin de réduire l’utilisation des produits phytosanitaires ? C’est l’ambition de Vine Health Watch, un outil prometteur pour l’instant au stade de prototype. Présenté au Salon international de l’agriculture 2018, il a décroché la seconde place de l’Hackathon API-AGRO. Le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, partenaire de ce concours d’innovation numérique, faisait partie du jury.
L’idée n’est pas neuve, mais pour qu’elle devienne effective, faut-il encore avoir les bons outils… « Cela fait une dizaine d’années que des données sont collectées dans toutes les régions de France et sur un grand nombre de cultures différentes pour la publication hebdomadaire des Bulletins de santé du végétal (BSV) mis en place par le ministère de l’Agriculture dans le cadre du plan Écophyto », explique François Brun, membre du réseau Acta qui regroupe les instituts techniques agricoles. « Ces données d’épidémio-surveillance sont précieuses pour les agriculteurs, mais elles pourraient être encore mieux valorisées. »
C’est en partant de ce constat que l’Acta et l’Institut français de la vigne et du vin (IFV) ont porté le projet Vine Health Watch lors de l’hackathon organisé début février 2018 par API-AGRO, portail de partage de données agricoles. Pendant deux jours, une équipe mixte Acta, IFV et Inra de six personnes a planché sur le projet. Parmi celles-ci, Mathilde Chen, une jeune ingénieure agronome diplômée de l’école UniLaSalle qui réalise une thèse sur le sujet : « La filière viticole est assez dépendante des produits phytosanitaires avec beaucoup de traitements systématiques. L’idée est d’apporter des outils opérationnels afin d’aider les viticulteurs dans cette réduction du nombre de traitements pas évidente ».
Adapter l’usage des produits phytosanitaires au risque
En mobilisant les données d’épidémio-surveillance du BSV, Vine Health Watch permet de visualiser de manière dynamique – et en temps réel – l’état sanitaire des vignes à l’échelle nationale, régionale et locale. Actuellement, il fournit des informations sur les quatre maladies principales de la vigne (mildiou, oïdium, black-rot, botrytis). Mais pas seulement. Cet outil va plus loin en apportant trois valeurs ajoutées par rapport aux données brutes :
- une comparaison des niveaux de risque entre année sur les dix dernières années ;
- une prévision des niveaux de risque au cours des jours et semaines à venir ;
- une information sur les prévisions météorologiques représentatives des zones viticoles.
« Grâce à ces informations précises, le viticulteur peut adapter sa pratique phytosanitaire et ne traiter que lorsque le risque est avéré et dépasse un certain seuil », résume Mathilde Chen. « La force de l’outil est de proposer une interface de saisie d’observations complémentaires que l’exploitant peut remplir lui-même pour avoir une prédiction personnalisée à l’échelle de ses parcelles. » Cette approche, basée sur l’analyse statistique de données publiques et privées, peut tout à fait s’appliquer à d’autres cultures. « Les agriculteurs sont prêts à s’emparer de tels outils, mais la question autour des usages possibles des données collectées pour le BSV reste un vrai frein », conclut-elle.
Source: http://agriculture.gouv.fr