Allégé en sucre, pauvre en graisse, enrichi en vitamines et minéraux, haute valeur nutritionnelle … Les étiquettes prennent de l’embonpoint sous le poids de leurs allégations sournoises, sensées éclairer le consommateur, bien plus souvent noyé sous cette masse d’information. La bouée de sauvetage n’est plus très loin. On nous gave d’allégations santé qui sont sensées nous rassurer mais dans le même temps on nous effraie sur les dangers de la consommation d’un verre de vin… Les « nuit gravement à la santé », « interdit aux femmes enceintes », « contient des sulfites », « avec modération » sont autant d’épouvantails brandis à la figure du néophyte, déjà bien mari de savoir quel vin choisir dans le pléthorique rayon de son supermarché. Certes ces indications ne sont ni inutiles, ni fausses. Mais pourquoi toujours présenter l’aspect négatif des choses ? Pourquoi ne pas indiquer clairement : à dose modérée, un petit verre de temps à autre est très bon pour la santé, le coeur et les artères ! Favorise la convivialité, permet de se retrouver, génère du plaisir… Y a-t-il plus d’alcooliques en Espagne depuis que nos voisins Ibériques ont gravé dans le marbre de leur Constitution que le vin était un produit culturel à protéger ? D’autres produits, et de consommation courante, sont indirectement plus néfastes… Il n’y a qu’à jeter un coup d’oeil aux rayons viennoiserie, confiserie, sodas et j’en passe… Le sucre, le beurre, l’huile aussi sont à consommer avec modération, tout comme la charcuterie, le chocolat, le foie gras même ! (damned !) Cessons d’infantiliser et de faire peur au lieu d’informer et de renseigner ; aujourd’hui en France, on ne peut plus prononcer le mot « vin » sans être taxé d’inciter à la débauche et plus aucun domaine ou appellation ne peut communiquer ouvertement sur le plaisir du vin. Pourtant partout dans le monde la consommation progresse – en Inde, les classes sociales aisées et notamment les femmes apprécient de boire du vin, c’est même très chic – les médias internationaux sont intarissables (il n’est qu’à voir le site du NYT pour s’en convaincre, comparé à la pauvreté de nos rubriques « vin » dans nos journaux…). A force de faire la fine bouche, on va finir par boire la tasse. Véronique Raisin est la fondatrice de Picrocol, « le mensuel du vin sur le web au ton décalé et ludique qui répond à toutes vos questions ».